Vincent Rivalin, dirigeant des charentaises et sabots Rivalin à Quimper

Une nouvelle fois, nous vous invitons à découvrir l’envers du décor de notre atelier. Pour cette seconde rencontre, nous avons eu le privilège de discuter avec Vincent Rivalin, dirigeant de la société depuis 2018. Au cours de cet échange, il partage avec nous sa perspective actuelle sur la mode et les défis liés au Made in France.

Comment et quand es-tu arrivé chez Rivalin ?

En 2018, j’ai pris les rênes de l’entreprise, bien que mon nom de famille soit un témoignage dans le monde de la charentaise. À vrai dire, la direction de l’entreprise familiale n’était pas vraiment mon destin tout tracé. La musique a toujours été ma passion et j’aurais aimé poursuivre des études dans ce domaine, mais le cours de ma vie en a décidé autrement.

En 2003, un tournant majeur s’est présenté lorsque mon père a affronté une grave maladie. Cette situation m’a conduit à faire un choix crucial : rejoindre l’entreprise familiale pour éviter qu’elle ne disparaisse. C’était une décision lourde de sens, celle de préserver un héritage cher à ma famille et d’apporter ma contribution à son évolution.

Diriger cette entreprise représente pour moi bien plus qu’une simple responsabilité. C’est une manière de perpétuer un précieux héritage familial tout en apportant ma propre vision pour sa croissance et son développement.

Vincent Rivalin teste la découpe d'un nouveau tissu pour des charentaises été

Quel est ton quotidien chez Rivalin ?

Vincent Rivalin et Bleuenn Seveno lors de la création de la nouvelle collection de charentaises hiver 2023-2024.

Il n’y a pas vraiment de routine quotidienne pour ma part. En fait, ces jours-ci, je suis sur tous les fronts et il m’arrive même de fabriquer moi-même les charentaises pendant cette période intense précédant Noël.

Comme mentionné dans un article de Marie-Claire précédent, notre atelier fonctionne de manière entièrement autogérée. Cela signifie que chaque membre de l’équipe est formé à tous les postes. Cette approche vise à responsabiliser chacun et à éviter les conflits, car tout le monde est capable de s’occuper de chaque étape du processus.

Quelle est ta vision actuelle de la mode ?

Ma vision de la mode diverge peut-être un peu des tendances du marché traditionnel. Je ne suis pas obsédé par le fait de suivre chaque nouvelle tendance éphémère.

Dans mon approche pour moderniser l’univers de la charentaise, je m’efforce de créer des produits qui perdurent dans le temps. Mon objectif n’est pas simplement de suivre le courant, mais de moderniser la façon dont on perçoit les pantoufles. Je veux offrir des produits modernes, élégants, et surtout, incroyablement confortables.

La charentaise a une histoire riche et une tradition qui lui est propre. C’est cette authenticité que je veux préserver tout en y ajoutant une touche contemporaine. En proposant des designs innovants, des matériaux de qualité et un confort inégalé, je souhaite offrir une expérience qui allie confort et savoir-faire.

Vincent Rivalin dans la boutique de Charentaises et Sabots à Quimper

Rivalin a participé au Salon du Made in France. Quels sont selon toi, les enjeux actuels du Made in France ?

Le Made in France est un pilier essentiel de notre identité économique, mais il fait face à plusieurs défis actuellement. Tout d’abord, il y a l’image du Made in France. Bien que riche en histoire et en qualité, elle peut parfois être perçue comme vieillissante. C’est un enjeu majeur auquel nous devons faire face pour attirer les consommateurs, en particulier les plus jeunes, vers les produits fabriqués localement.

Le problème de recrutement est également préoccupant. Maintenir et transmettre les compétences artisanales nécessaires à la fabrication de produits Made in France devient de plus en plus difficile. La transmission des savoir-faire traditionnels rencontre des défis, notamment en raison d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et d’un manque d’attrait pour les métiers artisanaux. Dans quelques jours nous perdons notre ambassadrice, Marie-Claire (qui part à la retraite), et pour ne pas vous cacher, on peine à recruter ici à Quimper.

De plus, le pouvoir d’achat des consommateurs joue un rôle crucial. Bien que de nombreux consommateurs souhaitent soutenir l’économie locale en achetant des produits Made in France, la question du prix reste un frein pour certains. Les coûts de production peuvent parfois rendre ces produits moins accessibles pour une partie de la population, ce qui constitue un défi à surmonter pour rendre le Made in France plus démocratique.

Pour relever ces défis, il est crucial d’innover non seulement dans la fabrication, mais aussi dans la communication autour des produits Made in France. Mettre en avant la qualité, la durabilité, et l’authenticité des produits locaux tout en les rendant accessibles à un plus large public devient une priorité. De plus, investir dans la formation et la transmission des compétences artisanales est essentiel pour pérenniser le savoir-faire français et répondre aux demandes du marché actuel.

Le Made in France est une véritable richesse, et en surmontant ces défis, nous pouvons non seulement préserver cette identité, mais aussi la redynamiser et l’adapter aux attentes d’aujourd’hui, pour en faire une véritable fierté économique et culturelle.

Rivalin travaille avec beaucoup de partenaires et façonniers Francais comme Jules Tournier par exemple. Est-ce que l’objectif est d’avoir un parc de fournisseurs 100% Francais ? Est-ce possible ou alors est-ce une utopie ?

Notre ambition est effectivement de favoriser au maximum des partenariats avec des fournisseurs et façonniers français. Cela correspond à notre engagement en faveur du Made in France et à notre volonté de soutenir l’économie locale. Cependant, la réalité du marché nous confronte à des défis importants. Les métiers artisanaux, si précieux pour notre industrie, se raréfient.

Nous travaillons activement pour renforcer nos partenariats avec des fournisseurs français, mais nous devons aussi être pragmatiques. Dans certains cas, pour garantir la qualité et la diversité de nos produits, il peut être nécessaire de chercher des partenaires en dehors de nos frontières, mais toujours en Union Européenne. Cependant, notre engagement envers le Made in France reste ferme et nous continuons à encourager et soutenir nos partenaires locaux autant que possible, comme Jules Tournier.

L’objectif n’est pas de renoncer à nos fournisseurs français, mais plutôt de trouver un équilibre entre la préservation de nos valeurs en soutenant l’artisanat local et la nécessité parfois de s’ouvrir à des collaborations européennes pour répondre aux demandes du marché et maintenir notre niveau d’exigence. C’est un équilibre délicat que nous cherchons constamment à atteindre pour offrir le meilleur à nos clients BtoB et BtoC tout en préservant notre engagement envers le Made in France.

Quel est ton modèle préféré de la collection Automne-Hiver 2023 ?

Notre modèle « SURF » de la nouvelle collection est une de mes pièces préférées, sans aucun doute. Il incarne notre engagement envers l’innovation et la durabilité. Cette charentaise est fabriquée à partir d’une matière novatrice : du tissu recyclé issu des combinaisons de surf. C’est un choix stylistique audacieux pour Rivalin. Cette pièce reflète notre volonté de repousser les limites de la créativité tout en respectant notre engagement envers l’environnement.

Rivalin est aussi fabriquant pour d’autres marques, pour qui rêverais-tu de créer une paire ?

J’ai une grande admiration pour BLEU DE CHAUFFE, une marque qui incarne parfaitement les valeurs qui nous sont chères : l’engagement envers le savoir-faire artisanal français et la quête permanente de l’excellence. Alors pourquoi pas, une paire de charentaise Bleu de chauffe x Rivalin ?

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